La boussole de l’investissement (préparation mentale et compétition)
Dans ce post je vous présente un "outil", une approche, issu de mon expérience professionnelle.
Il est devenu courant de
distinguer l’orientation motivationnelle des sportifs en fonction de deux
critères : l’orientation vers la tâche (la maîtrise) ou l’ego (la compétition).
Sur la base de cet axe compétition/maîtrise, et tenant compte de l’expérience
subjective, du vécu des sportifs dans leurs pratiques sportives, je propose d'ajouter un deuxième axe : l’orientation d’un mode d’existence centré sur l’Avoir ou
l’Etre. En croisant l’axe compétition/maîtrise et l’axe avoir/être, nous
obtenons quatre grandes catégories d’investissement sportif que j'ai conventionnellement
nommées : le confectionneur, l’inspiré,
l'hédoniste, l’opportuniste.
Ces catégories recouvrent en fait
un ensemble de comportements, sentiments, sensations, pensées qui sont
particuliers à chacun et se traduisent par une mobilisation de son énergie, de
sa persévérance, de sa concentration, de ses attitudes propre à chaque cadran
de la boussole. Chaque sportif(ve) possède en lui la capacité de mobiliser ces
quatre moteurs, pas nécessairement à sa convenance mais en réaction à
l’environnement et/ou à ses propres croyances et valeurs sur l’échec et la
réussite.
L’attitude
« confectionneur » (avoir/maîtrise) :
pour lui rien ne sera jamais assez bon. Il aura tendance à être dans la
recherche constante de l’élément technique, tactique, et matériel lui
permettant d'être le meilleur. De posséder le maximum d'atouts et d'en tirer le
meilleur parti. Son souci sera d’élaborer un ‘soi-même’, ou une extension de
soi (embarcation, véhicule, monture,...) plus fonctionnel, voire parfait. Il a
la croyance que le gagnant est celui qui est le plus perfectionné, le plus
abouti.
L’attitude
« inspiré » (maîtrise/être) : il n'aura de cesse
d'aller chercher au fond de lui-même l'énergie. Cherchant à maîtriser au mieux
la tâche, s'investissant pleinement dans des exercices complexes, il recherche
la satisfaction à développer pleinement des capacités qu'il sait en lui, à y
puiser sa force. Tel l’artiste qui revient inlassablement sur son travail
jusqu'à une forme d'épuration esthétique, il possède en lui la croyance que le
gagnant est celui qui faisant le plus d’effort passionnément parvient à aller le plus loin
possible dans ses retranchements.
L'attitude
« hédoniste » (être/compétition) : pour
lui, l'exaltation, l'excitation à se sentir vivant est la prime des choses. Et
il en tirera d'autant plus de plaisir que l'expression de ses compétences lui
permettra de battre ses adversaires. Ce fort sentiment d'existence et
d’enrichissement de l'être, cette jouissance est la base de sa croyance sur la
gagne. Nul ne peut vaincre sans prendre un maximum de plaisir. Gagner c’est
arriver à libérer cette excitation encore plus intensément que tous ses concurrents.
L’attitude
« opportuniste » (compétition/avoir) : il sera
question, pour lui, de tirer au maximum profit de ses compétences et du
contexte. De créer des opportunités afin de passer habilement et sans effort
devant tout le monde. C'est une personne douée dans ce qu'elle fait et elle
entend bien exploiter à fond ses coups de génie pour parvenir au-dessus de la
mêlée. Dans sa croyance, « que le meilleur gagne », cela signifie le
plus malin et le plus habile : « je les ai bien
eus ! » ; sous-entendu « je ne me suis pas fait
avoir ! »
Tout sportif investi dans sa pratique
compétitive, quelle que soit son orientation sur la « boussole », possède
en lui l'envie et l'intention de gagner, de s'investir à fond, de prendre du
plaisir. Ce qui les différencie entre eux se rapporte à la manière de s'y
prendre, à leurs centres d’intérêts, et à leurs croyances sur la gagne. En tant
qu’entraîneur, je possède également mes propres croyances sur le meilleur
chemin de la gagne. Prendre conscience/connaissance de son propre
fonctionnement, le partager, permet de comprendre et de :
- Renforcer sa stratégie d’excellence : accepter et accueillir son fonctionnement « de base ».
- Développer des stratégies de remédiation : en fonction du contexte (compétition majeure, challenger, outsider, stage, entraînement,...) apprendre à jouer sur les 3 autres moteurs.
- Comprendre des pertes de repères et/ou de motivation en cours de carrière et se recentrer.
- Apprendre à investir sa pratique autrement en cas d’addiction (maximisation de l’Avoir)
- Coacher ou formuler des demandes de coaching plus adapté à chacun.
- Au final, améliorer le rendement de l’entraînement et l’investissement en compétition
Exemple de procédure pour faciliter l’exploration
chez soi et chez les sportifs.
Première étape : à chacune des questions suivantes
les participants notent chacune de leurs réponses – un mot clé, phrase courte –
sur un seul bout de papier :
1. Qu’est-ce
qui vous attire dans la compétition de votre discipline ?
2. Qu’est-ce
qui vous a poussé à vous y investir ?
3. Pourquoi
cela prend-il cette place dans votre vie ?
4. Qu’est-ce
qui fait gagner les meilleurs selon vous ?
Suite à cette étape, sous forme d’échange et
discussion, chacun va positionner au sol (préalablement vous aurez tracez le
cadran au sol grâce à des cordes par exemple) ses papiers et se placer sur la
zone où il a posait le plus de réponses et qu’il pense lui correspondre le plus
souvent.
Dernière étape : chaque sportif(ve) devra
nommer pour lui l’énergie qu’il ressent dans son cadran de base ainsi que les
trois autres et précisez quand et comment il arrive les mobiliser.
Loin d’être un énième test, cet outil est un
moyen de s’interroger, personnellement, en groupe, lors d’entretiens, sur ses
représentations et croyances à la base de nos comportements à l’entraînement et
en compétition. Plus le sportif sera jeune, plus il sera intéressant de noter
les décalages et/ou similitudes entre les croyances de ses entraîneurs, de ses parents
et lui-même. Cela pourrait être le révélateur d’une profonde autodétermination
et/ou de comportements conformistes aux attentes des uns et des autres. A
explorer. En fonction de l’âge et du type de relation
dans le groupe entraîneur/sportifs il peut s’avérait plus bénéfique de faire
appel à un tiers pour mener ce travail d’exploration en groupe.
Pour les plus curieux vous pourrez trouver tous les détails dans mon dernier ouvrage "Le cycle de l’autonomie" : la relation
entraîneur/sportif comme vecteur de la performance.
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