Je vous présente une petite capsule de 15 mn de formation sur un des éléments incontournable de la préparation mentale et sportive. Merci d'être indulgent sur la mise en forme de la narration faite sur le vif. Espérant que ce diaporama vous interpelle, vous questionne, et vous inspire dans votre pratique.
Blog de l'Unité de Préparation Mentale. Espace d'échange, de réflexion, de découverte à propos de thèmes autours de la préparation mentale en sport : coaching, accompagnement, compétition, relation, émotions, outils, techniques...
mardi 12 mai 2015
lundi 17 novembre 2014
S'entraîner à perdre... L'épilogue
En rééditant mon ouvrage "S'entraîner à perdre, guide pas pratique. Ou comment apprendre à se jouer de ses échecs" [1], j'y ai apporté, en plus de quelques autres ajouts, un épilogue (p 130 et 131). Je vous le livre ici car cette épilogue pourrait tout aussi bien être un prologue tant le déroulement de la lecture des chapitres peut s'avérer spiralée et récursive.
Épilogue
Dans ses
dialogues imaginaires avec le peintre Belge Bran Van Velde, Samuel Beckett fait
le constat que : « être un
artiste, c’est échouer comme nul autre n’ose échouer [2] ».
En toute modestie,
pourquoi ne pas faire notre cette excellente formulation ? Et si l’essence
même du sportif était résumée dans cette citation ? « Être un sportif, c’est échouer comme nul autre
n’ose échouer. » Magnifique !
La boucle est bouclée. Enfin quelqu’un de sensé qui nous donne à
connaître notre vraie nature. Nous n’avons plus à nous débattre contre cette
dictature de la gagne en cherchant à mettre au point toutes sortes de stratégies
pour s’en sortir ; inutile de « s’entraîner à perdre » ; arrêtons
de nous débattre ; acceptons simplement que nous ne pouvons pas faire
autrement qu’échouer !
Dès lors la
question du « comment faire pour échouer ? » devient
insignifiante. Il apparaît plus sensé de se demander : « où allons-nous échouer ? ».
Sur quels rivages ? Et de nouvelles métaphores s’offrent à nous :
celle du naufragé, de l’aventurier, du voyage initiatique. Une vie où se perdre
n’est plus se perdre, où trouver c’est se retrouver, où s’ouvrir à soi c’est
découvrir les autres. Et tel le Baron Münchhausen [3],
nous tirant nous-même par notre chevelure, nous nous extrayons de cet
imaginaire sportif exclusivement construit autour de métaphores
guerrières : partir au combat, vaincre ou mourir, défendre, attaquer,
avoir l’esprit conquérant, être un guerrier, etc. Ne plus entrer
systématiquement en guerre contre soi et/ou les autres mais en aventure !
Un
sport devenu véritablement une quête, où l’objet de la quête aura, au final,
moins d’intérêt que l’expérience de la quête elle-même. Une aventure fabuleuse,
une épopée, dans laquelle le héros, au péril de sa vie, et en dépit des pièges
à déjouer, s’affranchira des obstacles posés par d’autres, ou par lui-même,
surmontant ses propres peurs et apprivoisant son corps et son esprit.
« Moi,
vainqueur », « Moi, gagnant », « Moi, président »,
émois, émois ? Voilà l’objet apparent et trompeur de la quête : un
« Moi » fort, voire despotique ! Un « Moi » pour
satisfaire papa, maman, les professeurs, les entraîneurs, l’école, la
société ? Et « Soi » dans tout cela ? Ce qu’il y a
d’exceptionnel dans le sport de compétition est cette possibilité de
s’ouvrir à soi-même et/ ou de se cacher de soi-même. Cette dynamique est
synthétisée dans la figure ci-dessous.
[1]S'entraîner à perdre, guide pas pratique, Olivier Guidi, Ed Dumental, 2006, 2014
[2]Trois dialogues, Samuel Beckett, Ed. Minuit, 1998
[2] Les cheveux du Baron Münchhausen, Paul Watzlawick, Ed. Seuil, 1991
samedi 8 mars 2014
La méthode d’Auto Détermination de la Vocation Sportive : l’ADVS. Vers une nouvelle approche de la préparation mentale.
Ces
dernières années, dans le cadre de mes interventions avec les pôles sportifs,
j’ai été amené à intervenir, de plus en plus régulièrement, de manière
collective, et sur une thématique bien précise : l’appropriation du projet
sportif par les sportifs eux-mêmes. Un autre versant de la "préparation mentale".

- Méconnaissance des contraintes et engagements qu’implique une pratique de haut-niveau
- Peu ou faible appropriation personnelle de la dynamique du projet sportif
- Peu ou pas de méthode de gestion de ses objectifs et de la compétition
Cette approche consiste à la mise en place d’un scénario d’intervention établi autour de 8 à 10 séquences avec des outils types. Même si l’ensemble du processus peut être efficace dans un travail individuel, il a cependant toute sa pertinence à être mené en groupe : car c’est « en partageant qu’on réalise que la peur est un sentiment partagé par tous. Alors le caractère aigu de la souffrance individuelle s’estompe. Les peurs reprennent leurs dimensions humaines et universelles. On peut envisager ses propres peurs de manière plus positive et inspirante » ; l’autre dimension est la phase très riche de passage de relais, à l’entraîneur, du travail accomplis par le groupe.
Le
processus de la méthode met en œuvre :
- Au plan comportemental, une co-élaboration de sa feuille de route de compétition.
- Au plan émotionnel, un partage, une prise de conscience, et une acceptation.
- Au plan cognitif, du sens et une appropriation personnelle du projet sportif.
- Au plan groupal, une autorégulation de la dynamique.
Elle vise
à :
- Une exploration et appropriation personnelle de son projet sportif.
- Une meilleure autonomie et meilleur engagement dans le processus d’entraînement.
- Une éducation à l’intégration de la dimension mentale et affective dans la performance.
- Participer au progrès sportif et/ou à l’amélioration des résultats.
Mise en
œuvre :
- Séances collectives hors présence de l’entraîneur.
- Restitution collective du travail à l’entraîneur après chaque séquence.
- Dernière séance « passage de relais » : le groupe avec l’entraîneur.
L’offre
de formation (inscrite au Plan National de Formation du MSJEPVA) :
Le format : 3
jours pour des intervenants expérimentés dans le domaine et/ou diplômés en
préparation mentale ou en psychologie avec une expérience du haut-niveau.
Prévoir 2 jours préalables pour des entraîneurs et des formateurs désirant
s’approprier cette méthode.
Dates : 17, 18, 19
novembre 2014
samedi 27 avril 2013
Préparation mentale / Psychologie du (et) sport
La préparation mentale apparaît encore trop souvent, en France
et peut-être plus généralement (?), comme une pratique conçue et produite
dans et par la psychologie du sport. Ma volonté n’est pas d’en faire la
démonstration dans ce court billet. Renvoyons-nous seulement à l’état des lieux
que chacun de nous peut faire via internet, sur les contenus et les intervenants présents dans les quelques
formations estampillées « préparation mentale » : qu’elles
soient universitaires ou dispensées par
des officines privées, la proportion de psychologues et de concepts issues de
la psychologie du sport y est prépondérante.
Cette ‘psychologisation’ de la formation en préparation
mentale part d’un bon sentiment, très souvent, ostensiblement et légitimement brandit :
halte aux charlatans et aux ‘gourous’ ! Mais qui sont-ils, que sont-ils
en fait ? Des personnes nous faisant prendre des vessies pour des lanternes ?
Qui, profitant de notre confusion, de nos difficultés, nous promettent monts et
merveilles tout en nous faisant les poches ? Des individus qui, forts de
leur pouvoir de persuasion (et de nos faiblesses), nous vendent des illusions ?
Voire nous assujettissent, en notre âme et conscience, à leur propre soif de
puissance et/ou de cupidité ? Ils sont certainement un peu, ou beaucoup de
tout cela ! Remarquons cependant que de tels individus n’ont pas l’exclusivité
de notre monde sportif, ils en existent et nous en rencontrons dans chaque espace
« professionnel » ayant comme trait commun les interrelations
humaines : la médecine, la formation, la politique, la publicité, le
commerce, etc.
Loin de moi la volonté de banaliser ces pratiques socialement
détestables ! Mais constatant qu’elles traversent tant de couches
professionnelles légiférées, avec pour certaines d’entre-elles un haut niveau d’étude
qui en fait ne garantissent pas l’absence de dérives, nous sommes en droit de nous
demander si le recours au cadre universitaire dans le
domaine de la préparation mentale est vraiment là pour limiter ce problème
et/ou aussi ne répond-il pas à un autre souci, plus idéologique celui-là, et qui
mériterait d’être interrogé ?
Je n’ai pas la prétention d’y répondre moi-même, ni même d’en
esquisser une réponse, car mon propos n’est pas de réfuter et/ou de justifier l’intérêt
d’avoir recours aux modèles, théories, et concepts issus de la recherche en
psychologie du sport. Mon propos est d’inviter
à s’ouvrir à d’autres modes de
connaissances et d’inspirations qui s’apposent, plutôt que s’opposer, au sacro-saint
principe de la validation scientifique. Car
se limiter au scientifiquement vérifié, dans une pratique professionnelle aussi
complexe que la ‘préparation mentale’ (processus de changement pour et par l’individu,
avec et dans son écosystème), non
seulement ne semble pas être une garantie nécessaire et suffisante de défense contre
des pratiques déviantes, et surtout c’est
se limiter au scientifiquement vérifiable et donc s’assujettir à un certain
réductionnisme qui a encore du mal à intégrer le modèle de « la pensée
complexe ».
Alors bien évidemment, oui à la psychologie du sport, indéniablement,
et oui également à la phénoménologie, aux thérapies humanistes, aux courants de
l’éducation somatique, telle est ma conviction : une ‘pluriversalité’ de
corpus de savoirs, de savoirs faire et de savoir être agrégeables à la dimension
mentale de la performance sportive. C’est le projet auquel je m’attelle depuis
quelques années : constituer une approche de la Préparation Mentale qui
soit en premier lieu Incarnée, Intégrative et Intégrée (la PMI3). Le paradigme de cette « PMi cube »
est en cours d’élaboration, il n’est pas encore pleinement formulé, il est
parfois saillant dans les articles et éléments publiés sur ce blog. J’espère
pouvoir offrir, à moyen terme, un moyen collaboratif de finaliser ce chantier. Avis
à tous(tes) et pour tous(tes) : amateurs, amatrices, faites-vous connaître...
mercredi 10 avril 2013
Quelle place au « lâcher prise » dans la performance sportive ?
L’imaginaire de la culture
sportive de compétition est habituellement plus proche des métaphores
guerrières (victoires, défaites) que de celle, par exemple, du voyage
initiatique (se perdre, se trouver). Dans ce contexte-là, ne serait-ce que sur
le plan sémantique, il est déjà délicat de s’approprier le terme de
« lâcher prise » : en sport, lâcher prise c’est capituler,
céder, mollir, abandonner. Impensable et contre-productif pour la gagne ! A
ce terme lui sont couramment préférées les formules « être serein »,
« rester zen ». Mais ne nous y trompons pas. En grattant un peu à la
surface de ces étiquettes, nous retrouvons vite la notion de contrôle : il
s’agit en fait de contrôler ses émotions, gérer son stress, « se créer une bulle de concentration
où rien ne doit m’atteindre », etc.
Loin d’apporter des réponses toutes faites voilà quelques interrogations susceptibles d’élargir le champ des possibles.
Produire une performance
sportive, aller chercher la victoire le jour « J », impose tout un
travail d’anticipation et de construction de la forme sportive. Les programmes
d’entraînement répondent à cette exigence, ils visent à maîtriser au mieux le
temps et à contrôler les transformations du corps. Les sportifs, avec la
complicité de tout le système (entraîneurs, staff, institutions), succombent
alors aux chants des sirènes : « à
force de volonté je dois pouvoir régulièrement produire un geste sportif parfaitement
maîtrisé ». Le corps, et même l’esprit, sont perçues comme des objets
extérieurs à soi et contrôlables, ... enfin,... presque ! Car la réalité
de la compétition impose un tout autre jeu (incertitudes et émotions) qui fait
souvent voler en éclat cette illusion du contrôle ; arrivent alors son lot
de tensions, de crispations, d’hésitations, d’erreurs conduisant à l’échec.
Dans cette fascination narcissique
de la compétition, s’efforçant de contrôler au mieux le corps (maîtrise sensori-motrice)
et l’esprit (maîtrise des émotions), dans notre fantasme d’un être rationnel, nous
nous enfonçons un peu plus dans la solution qui crée et/ou maintient le problème :
être dans le contrôle spécule sur l’incontrôlable et prophétise l’apparition
d’erreurs dans l’action sportive, auto-renforçant ainsi le besoin de
contrôle ! « Lâcher prise » c’est s’extraire de cette boucle, et
comme le terme peut paraître ambiguë dans lexique sportif, pourquoi ne pas lui préférer
celui de « laisser s’accomplir » ? Accepter à un moment donné
que ce qui constitue mon corps ‘sache’ mieux que moi faire ce que j’ai à faire,
et ‘simplement’ donner l’impulsion de départ, l’étincelle de vie, l’intention
qui va permettre à l’action de s’auto-organiser et d’orienter de nouvelles
intentions de proche en proche, dans un relâchement physique et une disponibilité
mentale en synchronisme avec la performance à produire.
Une des fonctions de la pratique
sportive compétitive, au plan de la construction identitaire de la personne,
comme tant d’autres activités évidemment, s’avère être la construction et l’affirmation
de(du) Soi. Une des propriétés intrinsèque à la pratique intensive de haut-niveau,
l’immersion du corps et de l’esprit dans l’agir, offre la possibilité, le choix
de s’ouvrir à soi-même et/ou de se cacher. Bien plus qu’une injonction au
« lâcher prise » et/ou une invective à « contrôler », la prise en compte de
cette dynamique identitaire offre tout un champ d’attitudes et d’interventions possibles
en liens avec les besoins, les désirs, les valeurs et les capacités du moment des
personnes. C’est le sens de la figure suivante modélisant la dynamique de ces
états du Soi : nous inviter à ne plus entrer en guerre mais en aventure... Et
la bienveillance consiste souvent à comprendre et à respecter les étapes de
chacun, sans jugement moral, ni préjuger du meilleur pour l’autre.
Loin d’apporter des réponses toutes faites voilà quelques interrogations susceptibles d’élargir le champ des possibles.
Lâcher prise sur quoi ? Le but, la « gagne ?
Certainement pas ! Mais faisons-nous suffisamment la différence entre volonté
de remporter le match, le round, la partie, et avidité de victoire ? Différence
entre un besoin impérieux de vaincre l’autre (donnant corps ainsi à l’aversion
de la défaite et la crainte inhibitrice d'échouer qui va avec) et la détermination à gagner la partie quelques soient les
obstacles à surmonter ? La réussite envisagée comme cause ou comme
conséquence ? L’adversaire est-il un concurrent ou un révélateur ? Et
si la compétition c’était simplement s’efforcer de surmonter les obstacles que
l’adversaire nous présente, et non plus une guerre identitaire mais une aventure
coopérative ? Qu’apportent toutes ces différences de perception ? Et
si en fait, dans une compétition, personne n’était battu ?
Laisser s’accomplir quoi exactement ? S’en remettre à la
chance ? Nullement ! Plutôt
que considérer le cerveau comme le pilote du corps, approche classique, que
cela changerait-il dans les entraînements et le coaching si nous le
considérions comme un simple appendice du corps ? Un athlète, en courant,
se sent accélérer du fait de la route qui progressivement descend ; est-ce
le corps ou (et ?) le cerveau qui « contrôle » l’augmentation de
la vitesse ? Lorsqu’un golfeur professionnel manque sa cible, est-ce les
mécanismes cérébraux qui sont en cause ou (et ?) les synergies
motrices ? L’intuition motrice, le bon geste au bon moment : une
question de contrôle, de lâcher prise sur le mental, de laisser faire le corps,
de laisser aller ?
Qu'adviendrait-il si nous possédions une vision de la compétition comme victoire de soi avec l’autre plutôt que de soi sur l’autre ?
Qu'adviendrait-il si nous possédions une vision de la compétition comme victoire de soi avec l’autre plutôt que de soi sur l’autre ?
Bibliographie :
Tennis et psychisme, Timothy Gallwey, Ed. Robert Laffont, 1977
Le sens du mouvement, Alain Berthoz, Ed. Odile Jacob, 2008
Le cerveau attentif, Jean Philippe Lachaux, Ed Odile Jacob, 2011.
La révolution de l’intelligence du corps, Rolf Pfeifer & Alexandre Pttti, Manuella éditions, 2012.
Tennis et psychisme, Timothy Gallwey, Ed. Robert Laffont, 1977
Le sens du mouvement, Alain Berthoz, Ed. Odile Jacob, 2008
Le cerveau attentif, Jean Philippe Lachaux, Ed Odile Jacob, 2011.
La révolution de l’intelligence du corps, Rolf Pfeifer & Alexandre Pttti, Manuella éditions, 2012.
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