La préparation mentale apparaît encore trop souvent, en France
et peut-être plus généralement (?), comme une pratique conçue et produite
dans et par la psychologie du sport. Ma volonté n’est pas d’en faire la
démonstration dans ce court billet. Renvoyons-nous seulement à l’état des lieux
que chacun de nous peut faire via internet, sur les contenus et les intervenants présents dans les quelques
formations estampillées « préparation mentale » : qu’elles
soient universitaires ou dispensées par
des officines privées, la proportion de psychologues et de concepts issues de
la psychologie du sport y est prépondérante.
Cette ‘psychologisation’ de la formation en préparation
mentale part d’un bon sentiment, très souvent, ostensiblement et légitimement brandit :
halte aux charlatans et aux ‘gourous’ ! Mais qui sont-ils, que sont-ils
en fait ? Des personnes nous faisant prendre des vessies pour des lanternes ?
Qui, profitant de notre confusion, de nos difficultés, nous promettent monts et
merveilles tout en nous faisant les poches ? Des individus qui, forts de
leur pouvoir de persuasion (et de nos faiblesses), nous vendent des illusions ?
Voire nous assujettissent, en notre âme et conscience, à leur propre soif de
puissance et/ou de cupidité ? Ils sont certainement un peu, ou beaucoup de
tout cela ! Remarquons cependant que de tels individus n’ont pas l’exclusivité
de notre monde sportif, ils en existent et nous en rencontrons dans chaque espace
« professionnel » ayant comme trait commun les interrelations
humaines : la médecine, la formation, la politique, la publicité, le
commerce, etc.
Loin de moi la volonté de banaliser ces pratiques socialement
détestables ! Mais constatant qu’elles traversent tant de couches
professionnelles légiférées, avec pour certaines d’entre-elles un haut niveau d’étude
qui en fait ne garantissent pas l’absence de dérives, nous sommes en droit de nous
demander si le recours au cadre universitaire dans le
domaine de la préparation mentale est vraiment là pour limiter ce problème
et/ou aussi ne répond-il pas à un autre souci, plus idéologique celui-là, et qui
mériterait d’être interrogé ?
Je n’ai pas la prétention d’y répondre moi-même, ni même d’en
esquisser une réponse, car mon propos n’est pas de réfuter et/ou de justifier l’intérêt
d’avoir recours aux modèles, théories, et concepts issus de la recherche en
psychologie du sport. Mon propos est d’inviter
à s’ouvrir à d’autres modes de
connaissances et d’inspirations qui s’apposent, plutôt que s’opposer, au sacro-saint
principe de la validation scientifique. Car
se limiter au scientifiquement vérifié, dans une pratique professionnelle aussi
complexe que la ‘préparation mentale’ (processus de changement pour et par l’individu,
avec et dans son écosystème), non
seulement ne semble pas être une garantie nécessaire et suffisante de défense contre
des pratiques déviantes, et surtout c’est
se limiter au scientifiquement vérifiable et donc s’assujettir à un certain
réductionnisme qui a encore du mal à intégrer le modèle de « la pensée
complexe ».
Alors bien évidemment, oui à la psychologie du sport, indéniablement,
et oui également à la phénoménologie, aux thérapies humanistes, aux courants de
l’éducation somatique, telle est ma conviction : une ‘pluriversalité’ de
corpus de savoirs, de savoirs faire et de savoir être agrégeables à la dimension
mentale de la performance sportive. C’est le projet auquel je m’attelle depuis
quelques années : constituer une approche de la Préparation Mentale qui
soit en premier lieu Incarnée, Intégrative et Intégrée (la PMI3). Le paradigme de cette « PMi cube »
est en cours d’élaboration, il n’est pas encore pleinement formulé, il est
parfois saillant dans les articles et éléments publiés sur ce blog. J’espère
pouvoir offrir, à moyen terme, un moyen collaboratif de finaliser ce chantier. Avis
à tous(tes) et pour tous(tes) : amateurs, amatrices, faites-vous connaître...